Parlant du Grand Agent magique, ou lumière astrale, Eliphas nous dit qu’il est vivant par deux forces contraires : une force d’attraction et une force de projection, ce qui fait dire à Hermès dans la Table d’émeraude, que toujours il monte et descend : il monte de la terre au ciel, et derechef il redescend, s’étant chargé de la puissance des choses d’en haut et d’en bas. La force d’attraction se fixe toujours au centre des corps, et la force de projection dans leurs contours ou à leur surface. C’est par cette double force que tout est créé et que tout subsiste. Son mouvement est un enroulement et un déroulement successifs et indéfinis, ou plutôt simultanés et perpétuels, par spirales de mouvements contraires, qui ne se rencontrent jamais. Je prendrai ici la liberté d’opérer le rapprochement avec le quinzième arcane du Tarot, Le Diable. Dans certains tarots celui-ci a les bras tatoués des mots Solve et Coagula (dissous et coagule), et d’autre part Cyliani, dans son Hermès dévoilé nous assure que la partie la plus importante de l’œuvre philosophal peut se résumer en ces mots.
Eliphas compare le Grand Agent universel à un soleil terrestre,
puis à un océan dont il faudrait savoir profiter des
courants pour avoir accompli le Grand Œuvre. Saint-John Perse le
compare quant à lui à des vents, dans
son célèbre poème.
On trouvera grand profit à s'y reporter :
C'étaient
de très
grands vents sur toutes faces de ce
monde, De très grands vents en liesse par le monde, qui n'avaient d'erre ni de gîte, Qui n'avaient garde ni mesure, et nous laissaient, hommes de paille, En l'an de paille, sur leur erre... Ah! oui, de très grands vents sur toutes faces de vivants ! (Vents I, 1) |
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L'Agent est une force dont on apprend ici qu'elle est agitée par des courants (les vents), qui ont quelqu'analogie avec le débordement des passions (en liesse); une force fatale en elle même (ni garde, ni mesure...), affranchie en outre des contraintes temporelles telles que nous les connaissons (hommes de paille, en l'an de paille), et qui influence tout ce qui vit (sur toutes faces de vivants).
D'après le Sepher Yetsirah, représente l'Air, duquel sont nés l'Eau , et le Feu . Traditionnellement, Aleph, Mem, et Shin sont appelées les trois mères, et les lames du Tarot qui leur correspondent ont certainement une grande importance :
Eliphas dit encore que le secret absolu de la direction de l'Agent a été possédé par quelques hommes, et peut encore être trouvé, qu'il dépend d’un axiome incommunicable et d’un instrument qui est le grand et unique athanor des hermétiques du plus haut grade. J'ai compris en quoi consiste cet athanor, mais imiterai l’exemple d’Eliphas en ne le nommant pas. Quant à l’axiome, la figure ci-dessus le renferme, ainsi que le Chrisme étudié plus haut. Eliphas précise encore que les mots AZOTH et INRI écrits qabbalistiquement renferment aussi le dit axiome. J'avoue n’avoir pas découvert seul de quelle façon écrire le mot AZOTH. Je sais tout de même que A est la première lettre des trois Alphabets sacrés : A, Alpha, Aleph; et que Z, Oméga, et Tav sont les trois dernières. Ecrivons donc le mot ainsi : ... J'ai tenté d’inscrire ces quatre lettres sur les branches d’une croix, essayé d'envisager les analogies avec le diagramme Feu-Eau-Air-Terre, sans arriver à rien de sérieux...
Les choses en étaient à ce point jusqu'à ce qu'en janvier 2000, un visiteur brésilien me fasse parvenir en .pdf un manuscrit peu connu d'Eliphas Lévi : le Rituel Magique du Sanctum Regnum, publié en traduction anglaise par la Rosicrucian Society of England en 1896.
On y trouve entre autres une bien étrange figure, intitulée "Monogramme de la Vérité Hermétique"...
Je n'en dirai pas davantage, sinon qu'une lecture astucieuse de INRI peut aussi s'avérer très instructive :
M.
Arsène Sainct-Agnile nous a aussi proposé ses
intéressantes réflexions personnelles sur l' .
Qu'il soit
remercié pour sa contribution. Gardons bien à l'esprit
qu'il n'avait pas à l'époque connaissance du Monogramme
de la Vérité Hermétique. Merci aussi
à Alkaest, qui s'est montré une
fois de plus inspiré dans le message
qu'il m'a fait parvenir sur le sujet.
Quant à la façon d'écrire INRI, Eliphas nous la donne, dans sa grande mansuétude, à droite de la figure du Grand Arcane : la barre oblique du N est comme le balancier d'une espèce d'horloge, supporté par le pied du R. Les deux I en sont les deux ressorts se remontant l'un l'autre à l'infini. C'est un mouvement perpétuel. Archimède se vantait de pouvoir soulever le monde s'il avait eu un levier approprié : il avait peut-être découvert en quoi consiste le point d'appui qui se trouve à l'intersection de la barre du N et du R. Car le Grand Arcane est justement l'intelligence de ce point d'équilibration des forces. C'est là (c-à-d à cet endroit, en ce point même) la Force forte de toute force, qui pénétrera toute chose solide et vaincra toute chose subtile, nous dit Hermès Trismégiste.
Pour l'explication du monogramme TARO, à gauche, se reporter à l'étude du Chrisme, car celui-ci en est une des nombreuses variations.
Je ne prétendrais évidemment pas avoir percé le mystère du G. A., et quand bien même... Il me serait impossible de le communiquer. Si j'avais un conseil à donner, ce serait de toujours se souvenir que les symboles ont plusieurs niveaux de signification, et donc de compréhension; et que ces différents niveaux sont analogues et proportionnels.
Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut, et ce qui est en haut comme ce qui est en bas : pour l’accomplissement des merveilles de la chose unique (Table d'émeraude).Les explications que je viens de donner ici sont à rapprocher des études du Pentagramme, et de la Table d’émeraude.