Cher Frère, D'abord, bravo pour votre site. Nous avons des intérêts communs, et c'est pourquoi je me permets de vous appeler Frère. Je pense pouvoir vous faire part de mes réflexions sur AZOTH. Sans parler de ses significations alchimiques que vous connaissez, nous pouvons l'étudier par un autre biais (prêtez une attention particulière aux nombres si vous le voulez bien): Il inclut les trois grands alphabets de la civilisation judéo-chrétienne, le "A" -"Aleph" - "Alpha" la triple racine, "Z" - "Oméga" - "Tav" les trois branches. Or, en approfondissant nous voyons que ces trois alphabets sont constitués respectivement de 26, 24 et 22 lettres soit 72 en tout. Or vous connaissez comme moi l'importance de ce chiffre dans Le Livre, et des 72 noms divins de la Kabbale. AZOTH est donc le phare de la Tradition, englobant le Monde, le Passé, le Présent et l'Avenir. En d'autres termes, l'AZOTH n'est limité ni dans le temps, ni dans l'espace, ce qui correspond à toutes ses définitions en Alchimie comme en Haute Magie. Pour finir, bien que je n'en sois pas certain, mais un pictogramme équivalent serait un "A", racine surmontée du "H" élargi en balancier et sur la barre horizontale duquel se tiendrait le "T". "Z" et "O" seraient de part et d'autre, l'ensemble formant une croix. Arsène Sainct-Agnile. / reçu le mardi 22 juin 1999. Note: J'ai dessiné le petit schéma sur les indications de M. Arsène Sainct-Agnile, mais suis un peu sceptique dans la mesure ou le Tav hébraïque se retrouve divisé en T et H... Qui sait? C'est peut-être tout de même ce qu'Eliphas Lévi avait en tête, il ne faut sans doute négliger aucune piste. - M.E. Très cher Frère, Après un si long silence, je me devais de te contacter. Je souhaite te faire part comme promis de nouvelles trouvailles sur le mot AZOTH. En remplaçant chaque lettre par son équivalent hébreu (et «Shin» pour «Z») on obtient les trois lettres mères, le «O» étant remplacé par un point-voyelle. Aleph Shin Tav. Il faut se rapporter au Sepher Jestzirah pour de plus amples détails, notamment sur les liens entre Mem et Shin considérées alternativement. A noter également que le ciel Schamaïm -ou firmament- peut être décomposé en Schech va Maïm, le feu et l’eau, qui renvoient à «Shin» et «Mem». Le Tarot, comme toujours, offre la clef suprême de tout ceci. Nous aurons donc l’origine, la nature et la fin de ce que décrit ce mot Azoth, et la voyelle nous fournit la description de son mode d’action. Une piste supplémentaire serait d’étudier en parallèle l’homonyme de Shin: Samech. En complétant avec les résonances symboliques des nombres associés à ces lettres, on arrive alors à des résultats à en couper le souffle. Arsène Sainct-Agnile /reçu le mercredi 25 août 1999. Note: Dans la version de Luria et Cordovero (dite version "Gra") du Sepher Yetsirah, on peut lire en III, 4:
Dans toutes les autres versions connues de moi, les trois mères sont de même: Aleph, Mem, Shin; et non pas Aleph, Shin, Tav. M. Sainct-Agnile voulait sans doute faire référence aux trois lames du Tarot qu'on appelle vulgairement les "bouts": le petit, le 21, et l'excuse; qui correspondent respectivement au Bateleur, au Monde, et au Mat; et dans le Tarot de Wirth à Aleph, Tav et Shin. Le Mem quant à lui, est à rapprocher de l'arcane XIII, représentant un squelette fauchant. - M.E. |
Je te livre ici une nouvelle étape dans mes réflexions sur l'Azoth, basée sur un commentaire de figure. Page 274 de l'édition Bussière du Rituel de la Haute Magie de Eliphas Levi, on trouve la figure suivante, chapitre XIV consacré aux transmutations:
Nous y voyons les éléments suivants: - le quaternaire Bâton - Épée - Coupe - Denier; - les quatre figures stylisées des évangélistes (voir plus bas); - la lettre Shin en haut, reprise par la lettre Caph et une bougie en bas de la figure; - la ROTA; - ce qui peut être considéré comme trois "T" liés par la base, ou encore, un "T" reposant sur la barre transversale d'un "H"; - un carré dont on ne voit que trois angles, la quatrième étant ou reposant dans la coupe; - l'étoile de David. Avant de nous lancer dans certaines des interprétations de cette figure, il peut être intéressant de montrer pourquoi nous avons décrété que les quatre signes aux angles se rapportent aux évangélistes, ou si l'on préfère au Sphinx. Si l'aigle, en haut à gauche n'est pas trop abstrait, les autres le sont. Nous avons dans le sens des aiguilles d'une montre l'aigle, l'ange, le lion et le taureau. Voici, de la main même d'Eliphas Levi, une figure dans laquelle ils apparaissent sous une forme moins stylisée:
Cette figure est la dixième de la série des nombres sacrés des Clavicules de Salomon. Nous y reconnaissons cette fois plus aisément le lion et le taureau. Le signe de l'ange, lui est très proche, bien qu'inversé. L'ouroboros a ici une importance particulière.
Cette figure révèle la nature, l'action et le moyen de "domestiquer" l'Azoth. Nous nous bornerons à ne donner que quelques pistes de recherche, concernant surtout la nature de l'Azoth et son utilisation dans l'art transmutatoire du point de vue de la Haute Magie. La formulation alchimique de ces mystères serait assez différente, mais les notions restent analogues. L'Azoth est au centre des réalisations magiques ou alchimiques: Et de même que tout vint de l'un, par la médiation d'un seul, de même tout ce qui est né vint de cette réalité unique, par adaptation (Table d'Émeraude, 3), nous dit Hermès. Commençons par les trois "T" liés par leur base. Une façon de voir les choses est de considérer effectivement qu'il s'agit de trois "T", ce qui introduit une notion ternaire, avec trois demi diagonales de carré noircies pour symboliser la matière coagulée et trois segments perpendiculaires blancs, subtiles, rendant l'idée d'une force (comme dans le swastika) ternaire et équilibrée. Ternaire, car pouvant adopter trois formes ou trois polarisations dont l'une est la résultante des deux autres. Une autre façon d'interpréter cette partie, est d'y voir un "T" posé sur la barre transversale d'un "H", de la même façon que dans la première figure datant du 22 juin 1999, ci-dessus. Si nous prenons la liberté d'appliquer la cabale particulière dont Alkaest nous a gratifiés, nous pourrions voir dans le signe du macrocosme six "Z" entrelacés ainsi que six "A"... il n'y a pas loin de là, le mot AZOTH, si l'on veut bien considérer que le cercle de la ROTA constitue un "O". Le signe du macrocosme symbolise aussi, bien entendu, la réunion des quatre éléments en une quinte-essence. Le bâton, l'épée, la coupe et le pentacle (deniers) sont les instruments que le mage utilise pour diriger l'agent universel; les figures du sphinx sont les qualités que le mage doit posséder ; le "Shin" concerne la nature de l'Azoth, qui est ici équilibré puisque le "Iod" central du "Shin" est blanc, subtile. "Shin" représente dans les sphères proches de nous (Malkhout du monde de l'Assiya) la manifestation du Tohu-Bohu de la Genèse, le mouvement de la matière (au sens kabbalistique, donc non encore tangible pour nous) abandonnée à elle-même : Or la terre n'était que tohu et bohu, les ténèbres couvraient l'abîme, le souffle de Dieu tournoyait sur les eaux.(Genèse 1,2) Le "Caph" symbolise la force sereine; sa bougie, en plus de la lumière, donne de la chaleur, comme le feu dans l'athanor. Ainsi, sous l'action de "Caph", "Shin" s'équilibre. Dieu dit : Que la lumière soit et la lumière fut. Dieu vit que la lumière était bonne, et Dieu sépara la lumière et les ténèbres. (Genèse 1, 3 - 4) Séparer la lumière et les ténèbres, c'est ce que l'Alchimiste doit réussir quand il veut séparer le subtile de l'épais. En kabbale, le processus analogue est l'ascension de Malkhout au-dessus de Binah pour devenir Parsa, séparant ainsi les galgalta-enaïm des ozen-hotem-pe. Tu sépareras la terre du feu, le subtil de l'épais, délicatement, avec grande intelligence.(Table d'Emeraude, 7) L'épais est ici symbolisé par le carré des quatre éléments dont on ne voit que trois angles. La coupe sous le signe du macrocosme sert de réceptacle ; nous avons promis de ne pas trop nous occuper d'alchimie ici, disons simplement que la coupe peut faire allusion à la voie humide, et que sa position au centre du pentacle place l'opération de transmutation sous l'influence de la lune. Je ne m'étendrai pas sur le rôle de la ROTA dans cette figure, puisque les éléments importants sont donnés par M.E. et les autres intervenants de ce beau site ! J'ajouterai seulement deux choses :
J'en profite pour dire à tous ceux que les Hautes Sciences intéressent que la condition suprême de l'avancement tant sur le plan théorique que pratique est une Raison éclairée par la Foi la plus profonde sans laquelle il est inconséquent et de toute façon impossible d'arriver à quoi que ce soit d'important. Je ne fais pas de prosélytisme; je fais référence à ce que d'autres appellent le feu sacré, qui est bien plus qu'une opinion, qu'une humeur ou qu'un sentiment. " En vérité je vous le dis, si vous avez une foi qui n'hésite point, non seulement vous ferez ce que je viens de faire au figuier, mais même si vous dites à cette montagne : "Soulève-toi et jette-toi dans la mer", cela se fera. Et tout ce que vous demanderez dans une prière pleine de foi, vous l'obtiendrez. " (Matthieu 21, 21 - 22.) Bien à vous, Arsène Saint-Agnile. / reçu le dimanche 19 novembre 2000. Note: Je ne peux qu'applaudir des deux mains, et lever les réserves que j'avais exprimées plus haut. J'aurais dû me souvenir qu'il ne peut pas y avoir d'interprétation absolue en matière herméneutique - M.E. |