Ce symbole est appelé "monogramme du christ" dans le
mysticisme
chrétien. D'après la légende, l'empereur
Constantin Ier le Grand l'avait vu en songe, avec la
devise :
Le monogramme ci-dessus comporte en prime l'et l', l'n'ayant pas survécu aux ravages du temps, ainsi qu'un triple tour de corde, que je pense signifier la doctrine suivante : "Les trois mondes sont enroulés l'un dans l'autre, pour ne faire qu'un, chaque extrémité de la corde s'évanouit dans l'éternité", ou plus simplement : la trinité. Pour en revenir à l'et l', si l'on pense immédiatement à une référence à l'Apocalypse de Jean, et ainsi en était-il certainement dans l'esprit du sculpteur, je vais montrer que ce symbole remonte à une plus haute antiquité.
Le Labarum : Sur ma photo, le chrisme est inscrit dans un cercle, mais on le trouve aussi parfois inscrit dans un carré, ou bien dans rien du tout. Eliphas dit dans son Dogme de la Haute Magie, que l'axiome incommunicable du Grand Œuvre est renfermé, entre autres, dans le monogramme du Christ tel qu'il était brodé sur le Labarum (l'étendard de Constantin).
Il semble qu'Eliphas considère le monogramme
qu'il donne à gauche dans la figure du Grand Arcane (avec la
mention TARO), comme étant celui-même du Labarum, quand
tout porte à croire qu'il en soit seulement un
dérivé.
Tentons de faire le point : le Labarum original,
fabriqué
selon
les directives de l'empereur le jour suivant sa vision de la "croix de
lumière", est décrit par Eusèbe de
Césarée (Vita
Constantini 1:26) comme constitué
d'une longue lance d'or, formant avec une barre transversale le dessin
d'une croix. Au sommet de l'ensemble était fixée une
couronne d'or et de pierres précieuses, avec en son centre le
symbole du nom du Sauveur : les initialeset entrelacées. La
bannière fixée sur la barre
transversale était carrée et de couleur pourpre,
richement brodée d'or et de pierres précieuses, offrant
aux
yeux un spectacle d'une beauté ineffable. Elle portait
l'inscription grecque "EN TOUTO NIKA", que l'empereur avait vue
précédemment en songe. Cinquante soldats de
la garde impériale, s'étant distingués par leur
piété et leur courage, avaient en charge la protection du
nouvel étendard sacré. Donc si l'on en croit
Eusèbe, pour ce qui est du Labarum original, le monogramme ne
figurait pas sur l'étendard, mais sur le porte-étendard,
et il s'agissait de la version inscrite dans un cercle. Plusieurs
exemplaires du Labarum furent ensuite fabriqués pour que chaque
légion puisse en posséder un. Les monnaies de
l'époque qui nous sont parvenues attestent de plusieurs
variantes, et c'est sans doute à l'une de ces variante que se
réfère Eliphas Lévi.
Eusèbe nous apprend aussi
que le monogramme avait été gravé sur les
boucliers des soldats, avant la bataille du pont Milvius. D'autres
traditions (Lactance) rapportent que le symbole
porté
sur les boucliers était XXX, signifiant une promesse de trente
ans de règne. Je dis : peu vraisemblable. En 310,
Constantin
aurait déjà eu une première vision, à
Grand, dans les Vosges, avant de se rallier au culte solaire d'Apollon.
Au vu de la confusion des récits historiques, on peut
raisonnablement penser que le chrisme puisse avoir au départ une
origine solaire, et résulter d'un certain syncrétisme
pagano-chrétien (cf. aussi plus bas ce que dit H.S. Lewis).
A gauche, Homme en prière avec colombe, et chrisme; à droite, Pierre et Paul représentés avec un chrisme : sarcophages IIIème et IVème siècles. |
Eusèbe ne dit pas si le chrisme du labarum comportait ou non l'et l', de façon à former en bas une barre de T pour que l'on puisse le lire, comme Guillaume Postel, TAROT. Des chrismes semblables à ceux que j'ai dessinés ont cependant été attestés pour la même époque, voire pour des époques antérieures.
Allons plus loin :
Osiris : D'après Harvey Spencer
Lewis
(La vie mystique de Jésus),
ce symbole fut utilisé bien
avant que le christianisme ne l'adopte : c'était le
monogramme
original d'Osiris. L'Encyclopédie
Catholique Romaine
considère que leet lesont les premières lettres
du mot
(signifiant "christ" ou "oint", celui qui a reçu l'onction
divine), mais
reconnait que ce symbole était utilisé bien avant
l'ère chrétienne.
Le schéma de Hawking : un chrisme moderne ? Les sages de l'antiquité professaient que la Lumière Astrale ou Akasha, qui emplit tout, était en un sens l'espace lui-même, infini et sans bords. Cela rejoint tout à fait la théorie de Hawking, éminent astrophysicien du XXème siècle, pour qui l'univers serait pareillement infini et sans bords.
L'et l', placés sur l'axe temporel, de part et d'autre du point "événement présent", compléteraient le schéma (basculé à l'horizontale) de façon intéressante, et je note au passage que l'on retrouve leet ledans les mots (lieu) et (temps).
Le temps est une propriété de l'espace, et pour cette raison les astronomes utilisent le terme d'espace-temps. Selon Hawking, la lumière d'un événement forme un cône à trois dimensions dans l'espace-temps, qu'il appelle "cône de lumière future"; l'ensemble des événements dont la lumière peut atteindre l'événement présent étant appelé "cône de lumière passée". D'après H.P. Blavatsky, l'Akasha (l'espace-temps de nos savants modernes) est comme un livre contenant l'enregistrement intégral de tout ce qui a été, est, et sera.
Certains préfèrent utiliser dans ce cas le terme archives akashiques, pour signifier qu'il parlent d'une propriété de l'Akasha en particulier. Les moindres actes de notre vie y sont imprimés, et même nos pensées demeurent photographiées sur ses tablettes éternelles. C'est le "Livre de vie" ouvert par l'Ange de l'Apocalypse, en un mot, c'est la mémoire de Dieu.
Ces archives de lumière rendent possibles les
phénomènes de voyance. On pourra dire cependant que le
voyant qui "prédit" l'avenir est en réalité un
être très intuitif, qui ne fait que déduire
l'évolution la plus probable d'une situation présente
qu'il ressent. Cette théorie est valable, mais de nombreuses
expériences de parapsychologie, réalisées avec
toute la rigueur scientifique qui s'impose, tendent à prouver
qu'il est possible pour certains voyants de prédire avec marge
d'erreur très faible des événements pourtant
a-priori aléatoires. Le schéma pourrait donc être
interprété différemment de l'explication qu'en
donne son auteur : un événement présent se
répercute aussi bien vers un avenir, que vers un passé.
Cette idée, difficile à concevoir et très paradoxale, diffère de la doctrine du déterminisme : tout n'est pas nécessairement "écrit d'avance", mais en revanche les distinctions temporelles doivent être considérées comme éminemment relatives.
Car un niveau supérieur, passé, présent, et avenir se confondent, puisqu'en définitive Tout est Un.