Né en Lorraine, à Alteville dans un château proche de Tarquimpol – remarquez d'ailleurs la croix à sa cravate, Stanislas de Guaita était issu d'une famille noble d'origine lombarde (Italie), établie en Lorraine depuis 1800. Il possédait le titre de Marquis.
Dès le lycée à Nancy, vers 1880, il se lie d'amitié avec Maurice Barrès, qu'il fera adhérer plus tard au martinisme. La préface de l'une des éditions de Au seuil du mystère est d'ailleurs signée Maurice Barrès. L'Histoire ne dit pas si les deux hommes partageaient les mêmes convictions politiques : Barrès était en effet profondément conservateur, va-t'en-guerre, et fervent défenseur de la peine de mort, comme en témoignent certains de ses textes...
C'est dans les écrits de Peladan que Stanislas de Guaita trouve sa première porte d'entrée dans l'univers de la Tradition. Par la suite la lecture de l'œuvre d'Éliphas Lévi, dont il se fera dès lors le commentateur et le thuriféraire, l'initie au mysticisme chrétien; Fabre d’Olivet l'oriente vers les grands mystères en général et vers la langue hébraïque; et Saint-Yves d'Alveydre le rallie à la cause synarchique. Papus, d'abord raillé par lui pour le choix de son pseudonyme, puis réhabilité, deviendra un grand ami.
A la lumière de toutes ces influences, Guaita prôna un spiritualisme exaltant la Tradition chrétienne, qui, grâce à la mise en place éventuelle de la synarchie – forme de gouvernement idéale –, devait conduire à l'avènement du royaume de Dieu. En 1888, dans le même esprit, il fonde avec Peladan l’Ordre Kabbalistique de la Rose-Croix, dont fit aussitôt partie Papus. Parmi les membres on relèvera des noms passés plus tard à la postérité comme Erik Satie et Claude Debussy.
Satie semble avoir été le compositeur attitré de l'Ordre. On lui doit entre autres une Sonnerie des Rose-Croix qui devait accompagner le rituel. Peladan s’en sépara ensuite pour fonder un autre ordre : la Rose-Croix catholique, alléguant son refus de la magie opérative.
En 1893, l’ordre de Guaita fut attaqué par Huysmans, qui l’accusa d’envoûter à distance l’abbé lyonnais Boullan. Des duels s’ensuivirent; Huysmans et Jules Bois s’opposèrent à Papus et à Guaita.
Stanislas est alors ce jeune poète dans le goût baudelairien à qui Mendès venait de révéler Éliphas Lévi, écrit Alain Mercier dans Les Sources ésotériques et occultes de la poésie symboliste, 1870-1914 (1969). Mais Mercier ajoute que Guaita poète (Les Oiseaux de passage, 1881; La Muse noire, 1883; Rosa mystica, 1885) par son classicisme de forme et d’écriture, est plus proche des parnassiens que des symbolistes, si bien qu’il y eut en lui deux êtres distincts : l’hermétiste aristocrate et généreux d’une part, le poète tourmenté et inquiet d’artifices d’autre part. Pour information, Rosa mystica est disponible à la Bibliothèque Universitaire de la faculté de Lettres de Nancy 2, en édition originale.
Intoxiqué par les stupéfiants, l'homme mourut
prématurément, le 19 décembre 1897, à
l'âge de 36 ans. Il fut inhumé au cimetière de
Tarquimpol. Certains ont prétendu qu'il avait succombé
à ce que l'on appelerait de nos jours une overdose, mais cette
thèse m'a été démentie par un membre de la
famille. Il semblerait plutôt qu'il ait été
emporté par de graves problèmes rénaux. Cependant,
on ne peut exclure que l'écrivain, en proie à la
souffrance, et sentant sa fin proche, ait pu avoir massivement recours
à la cocaïne et peut-être à d'autre produits
comme l'héroïne.